mardi 17 juin 2008

Une défense pour l’Europe ? Un bilan, des perspectives






‘Une défense pour l’Europe – un bilan, des perspectives’, tel était le thème du débat, organisé par l’association Europartenaires et la Friedrich Ebert Stiftung-Paris.
La table ronde sur les questions de la politique de défense européenne a attiré beaucoup de monde dans la salle du Goethe Institut de Paris, à la veille du discours du Président Sarcozy et la publication du Livre Blanc sur la politique de sécurité et de défense de l’Union Européenne.

M. Lean-Noël Jeanneney, président d’Europartenaires, Professeur des Universités à Sciences-Po Paris et ancien ministre a fait une courte introduction en résumant l’histoire de l’évolution de l’idée de communauté de la défense européenne.

Hubert Védrine, ancien Ministre des Affaires étrangères, a approfondi la présentation de ce concept de défense européenne et sa génération dans le temps.
Il a rappelé que quand on parle de défense européenne, il ne s’agit pas de la défense de l’Europe, d’où la difficulté de parler sur ce sujet.
L’Europe est défendue par l’Alliance Atlantique et les forces nationales.

Alors dans la notion de ‘défense européenne’ est contenu un décalage étonnant, car il ne s’agit pas de défendre l’Europe, mais de donner à l’Europe des moyens d’agir en dehors de l’Europe, d’une part pour effectuer des missions de maintient de la paix et d’autre part, sur un plan industriel, pour regrouper certains industries liées à la défense.
Comme ça, on isole le terrain de la défense comme terrain de démonstration, un terrain possible pour des avancés symboliques d’une volonté d’aller plus loin vers une intégration politique.
Après Maastricht il paraît possible de parler de politique extérieure commune.
Ce moment coïncide avec la désintégration de l’ex-Yougoslavie. Cette période est marquée par plain de désaccords qui sont perçus par la population européenne comme une incapacité d’établir une position commune. L’opinion a gardé une ambition prétentieuse de l’UE d’avoir une politique commune externe.
La position britannique est basée sur l’idée que OTAN existe et qu’il ne faut pas faire double emploi et gaspiller des ressources.
Dans ce contexte post-conflit Yougoslave les européens arrivent au compromis de Saint Malo en 1999. Dans le cadre de l’Alliance Atlantique l’Europe peut développer une coopération de défense, acceptent les britanniques.
Le Traité de Lisbonne prévoit (ou prévoyait) certain nombre d’éléments permettant un renforcement de la PESC (Politique étrangère et de sécurité commune). Cette série de progrès représent l’aboutissement de dix ans d’efforts d’après Saint Malo pour une solidarité militaire en Europe.
Pour la suite, les dossiers vont se jouer au sein de l’OTTAN. A l’intérieur de l’Alliance Atlantique, la vision européenne commune est à exprimer face aux américains, mais ce n’est pas le cas – à cette étape il n’y a pas une unité des pays européens.
Le Traité de Lisbonne apporterait beaucoup d’améliorations sans régler tous les problèmes de défense européenne. Il y a tout un travail à faire sur :
- la convergence des 27, l’analyse des rapports du monde, la montée des émergeants qui est sans précédent historique ;
- le travail sur le maintient de la paix ;
- le travail sur le plan industriel qui est une question de volonté politique et qui devrait se faire en relation avec les américains.
Il n’y a pas à attendre un futur traité idéal pour en travailler ! Il n’y a pas une sortie idéale, un traité miracle ! Les européens ont confié leur défense aux américains depuis 1948. Il faut voir ce qu’est possible de faire dans ce cadre, s’il y a une volonté politique. Le NON irlandais ne doit pas se transformer en crise généralisé, a souligné en conclusion M. Védrine.

M. Louis Gauthier, conseiller maître à la Cour des comptes, ancien conseiller auprès du Premier Ministre chargé des questions stratégique et de défense a présenté sont point de vue qui consiste dans l’affirmation que personne n’empêche les européens de discuter et établir une position commune à exprimer lors du Conseil de l’OTAN. D’après lui, l’Europe devrait s’imposer une discipline minimale face aux crises.

Après l’intéressante intervention de M. Jörn Thiessen, député du Bundestag et celle de Général Jean-Paul Perruche, consultant , ancien directeur général de l’état major européen, Sir Peter Westmacott a exprimé la position britannique d’aujourd’hui, qu’il a qualifié de beaucoup moins hostile au renforcement militaire européen qu’à l’époque de St. Malo.
Il a souligné que la France et les Royaumes-Unis assument 70% des dépenses budgétaires en Europe et a fait appel que cette charge soit partagée avec les autres pays. Sir Peter Westmacott a exprimé, dans un français parfait, la position de son pays qui serait favorable à un rapprochement militaire des deux côtés de La Manche. Il faudrait, d’après son gouvernement, reprendre les conversassions européennes et Outre-Atlantiques pour l’établissement d’un grand Etat-major à Bruxelles. Il convient à évaluer les besoins opérationnels et voir après quelle nécessité de création d’institutions existe. (D’autres intervenants ont exprimé l’idée de commencer par la création d’institutions de défense européennes). Pour M. Westmacott, cette approche serait une approche pragmatique, reflétant une pénurie de moyens.
M. L’Ambassadeur a conclu que des possibilités de coopérations au niveau européen existent et surtout franco-brittanique.

Daniéla Dalbokova

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